L’eau du bain, Rim Battal

Un recueil de pensées, fragments, poèmes sertis dans un texte en prose, à la lisière du journal, écrit au jour le jour, de l’essai et de l’autobiographie.

Le texte se définit lui-même comme un monstre : « Le monstre s’est appelé d’abord Putain, maman ! Puis Corps à corps, puis Feu ! Pour devenir enfin L’eau du bain ».

La poète plonge le lecteur dans les méandres de la maternité avec une liberté, un humour et une audace entièrement inédits. L’écriture brève, fragmentaire, la recherche du discontinu et de la cassure permettent le jaillissement d’intuitions toujours mises à l’épreuve de l’expérience.

Usant de véhémence, la succession de petites phrases, la menace, le sarcasme produisent l’impression de la mitraille. Rim Battal n‘hésite pas à user de syllogisme pour créer une alliance entre poème et théorème proche de la rhétorique classique. A la manière des Essais, la poète, Sisyphe en escarpin, constate, tente de comprendre et de trouver le mot juste pour dire le corps, le désir, la colère, le tire-lait, le placenta, les boulettes de Kefta, la génétique, l’épuisement… 

La maternité est politique et le poème seul permet cette union de l’intime et de l’universel. Comme un rap abrasif, l’écriture acide de Rim Battal délivre une pensée dont la singularité appelle les métaphores pour pouvoir éclore et se sublimer.

«Première hâte de grossesse : voir se défaire ce nœud que ma mère a noué il y a trente ans. Le nombril du neuvième mois est une nudité totale » 

Les coupures brillent d’un éclat minéral et révèlent la nécessité pour le poète de dépasser l’ordre biologique et l’éternel retour de toutes choses en donnant naissance à un texte nécessairement monstrueux, dionysiaque, inactuel, intempestif, grotesque et sublime.

« L’œuvre de Rim Battal est comme un gigantesque puzzle. Ou, disons : un vase Ming foutu en l’air par un chat obèse, dont les morceaux auraient été récupérés et stockés dans une jarre. Quand on la secoue, la jarre rend une musique immédiatement reconnaissable. Il y a un moment où il faut déboucher la jarre – ouvrir le livre – et recoller les morceaux. Il faut faire gaffe à ne pas se couper, mais le décor vaut le coup. C’est plein de va-et-vient schizoïdes entre Paris et Marrakech, de ruelles, de fête, d’alcool, de cul, de désenchantement, d’espoir, d’amour, de haines rentrées, de mendiants, de bourgeois flippés planqués derrière leurs lunettes noires, de névroses familiales. 
L’Eau du bain invite à assembler 127 fragments non numérotés, avec une unité thématique jamais encore vue chez l’auteure […]. Au bout du compte, la vie étant ce qu’elle est, bien peu des questions évoquées […] trouveront une réponse définitive […].. Et c’est magnifique : c’est la possibilité de plein d’autres livres. »

Grégoire DamonSitaudis

Lire la biographie de Rim Battal

extrait lecture de L’eau du bain

2019

14 x 22,5 cm (broché)

96 pages

photographie de couverture : Camille Bokhobza

conception graphique : Régis Glaas-Togawa

graphisme : Anton Charles

directrices éditoriales : Stéphanie Boubli et Elisabeth Lévêque

ISBN : 978-2-490353-43-9